Attendu depuis longtemps par les amateurs d'aurores boréales (et peut-être moins par d'autres personnes, voir plus loin), le nouveau cycle solaire a officiellement démarré, a annoncé hier, le 15 septembre 2020, la NASA. C'est le 25e cycle solaire, depuis qu'ils sont comptabilisés (en 1755).
Nous nous doutions que l'annonce allait bientôt arriver. Tout d'abord car c'est cyclique (tous les 11 ans), mais surtout car ces derniers mois (petit à petit depuis le début de l'année) nous avons pu observer à de nombreuses reprises qu'il se passait à nouveau des choses à la surface du soleil. Ce qui était particulièrement rare depuis 2 ans. De nouvelles tâches solaires se sont formées à la surface du soleil, de nouvelles boucles de champ magnétique sont également apparues, et certaines ont même formé quelques petites éruptions solaires.
Vous pouvez observer le soleil sur notre page "Photos de l'activité solaire", via de nombreuses photos prises en différentes longueurs d'ondes (mises à jour toutes les 30 minutes). Vous pouvez aussi suivre d'autres paramètres sur la page "Prévisions aurores polaires", dont par exemple les caractéristiques des vents solaires, probabilité de tempêtes géomagnétiques, etc.
Fin du cycle 24 et du minimum solaire
Cette période que nous venons de passer pendant laquelle le soleil était particulièrement "calme" s'appelle le minimum solaire. Durant cette période, le soleil continue bien entendu de fonctionner (réactions thermonucléaires auto-entretenues) mais il était moins actif. Les tâches solaires et les éruptions solaires n'ont été qu’occasionnelles. Le minimum solaire a officiellement été atteint en décembre 2019, alors que son maximum a été atteint en avril 2014.
Ce 24e cycle a été le 4e plus faible au niveau intensité, et le plus faible des 100 dernières années (voir graphiques ci-dessous).
Un nouveau cycle qui atteindra son maximum en 2025
Pour ce 25e cycle solaire, les prédictions indiquent que le maximum solaire devrait être atteint courant juillet 2025. Ces prédictions montrent également que ce 25e cycle devrait ressembler au précédent, c'est à dire d'une relative faible intensité. La vitesse à laquelle l'activité du soleil augmente est un indicateur de la potentielle future intensité du cycle solaire. Bien qu'une nouvelle augmentation constante de l'activité est observée, elle reste faible. Mais les scientifiques estiment que ce 25e cycle devrait être plus fort et qu'il mettra fin à l’enchaînement des 4 derniers cycles qui étaient faibles.
Principalement organisée par la NOAA et la NASA, la science qui prédit l'activité du soleil est relativement très jeune et manque de données, d'outils, de satellites. Il y a donc une part d’imprécision. La NOAA a prévu d'envoyer en 2024 un nouveau satellite d'observation et prévision de la météorologie spatiale, nommé "Space Weather Follow-On" (SWFO-L1). Il sera équipé d'instruments permettant d'analyser les vents solaires et de photographier les éjections de masses coronales lors d'éruptions solaires. Il sera positionné aux côtés (entre autres) du satellite SOHO entre la terre et le soleil, au point Lagrange L1 (voir notre page "Météo des aurores, pouvons-nous les prédire ?").
Qu'est-ce qui définit le cycle solaire ?
Le niveau d'activité et le cycle du soleil sont matérialisés par le nombre de tâches à la surface du soleil (tâches solaires). Elles sont quasi inexistantes lorsque le soleil est calme, et à l'inverse elles sont nombreuses lorsque le soleil est très actif. Ils suffit donc de les compter. Les courbes ci-dessous montrent le nombre de tâches comptabilisés (traits verticaux) et leur moyenne lissée (trait rouge).
Peut-on voir les aurores boréales pendant le minimum solaire ?
Pendant ce minimum solaire, les aurores polaires étaient malgré tout très régulièrement observables (presque toutes les nuits - en dehors d'une mauvaise météo), mais uniquement dans une zone réduite, à haute latitude (nord de la Finlande, extrême nord de la Suède, nord de la Norvège, Islande, Canada, Alaska, nord de la Russie - pour l'hémisphère nord). Maintenant avec ce nouveau cycle solaire, l'activité à la surface du soleil va être de plus en plus forte, et les projections de matières en direction de la terre de plus en plus nombreuses et intenses. Ceci va permettre de voir des aurores à plus basse latitude (pour comprendre pourquoi, voir notre page "Où voir des aurores polaires").
L'augmentation des tempêtes solaires & leurs impacts
Les éruptions solaires, et leurs projections de masse coronales vers l'espace, vont donc petit à petit être plus courantes et globalement de plus en plus fortes. Même si (bien que rare), une tempête solaire d'une extraordinaire intensité peut se produire à n'importe quel moment, même lors d'un minimum solaire. La terre va donc de nouveau subir, de plus en plus souvent et de plus en plus intensément, des tempêtes de différents types : géomagnétique, rayon X et radioélectrique.
Ces tempêtes ont différents impacts sur la nature et notre vie moderne : désorientation de certains animaux, atteinte des tissus vivants et de l'ADN (lorsqu'on se trouve à haute altitude ou dans l'espace), perturbation/coupure totale des communications radio / des signaux GPS / des réseaux électriques, jusqu'à de potentielles destructions des réseaux électrique ou des circuits électroniques. Entre autres...
Ce n'est donc pas une très bonne nouvelle pour de nombreux secteurs : fournisseur d'électricité, gestionnaires de satellites, équipages de véhicules et stations spatiales, etc.
Vous pouvez retrouver les différents types de tempêtes ainsi que leur impacts en fonction de leur intensité sur la page "Unités de mesure des tempêtes solaires".